Au Portugal, dans la région du Minho, un village termine en cul-de-sac une route de montagne sinueuse. Bien que ce village ne représente aucun intérêt touristique et pousse naturellement à rebrousser chemin, la curiosité m'a poussé à explorer son entrelacs de ruelles grises, sous le regard curieux et un peu méfiant des rares habitants visibles. Au fil de ma déambulation, j'ai remarqué une alternance de petits nœuds de fortune bleus et de badigeons de la même couleur sur les portes et les murs. Je me suis mis à les pister, comme par jeu, et je suis reparti du village, sans comprendre pourquoi je m'y étais arrêté, et sans explication sur cette étrange coquetterie vernaculaire.
Seul un regard extérieur pouvait remarquer ou même interpréter cette délicate éclosion de couleur dans l’austérité de ce bourg rural. C'est d'ailleurs ce qui a excité ma curiosité pendant ces dizaines de minutes à suivre ces traces : l'idée que ces villageois, en marquant leur territoire de repères rudimentaires et sans doute insignifiants, adressent involontairement au regardeur attentif une énigme indéchiffrable et sujette à de multiples interprétations.